DUFF LLOSA.
Né le : 10/08/80 à Paris XIII
Sponsors : Hawaii Surf, Sü-dleï

Texte  : Bart. Photos : SMosse

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Avant qu?il ne s?en aille pour une petite session anglaise, j?ai chopé celui qui, suite à une période de délire linguistique aigu, a été surnommé Duff, afin lui demander son point de vue sur plusieurs aspect de notre beau sport.

Pour ceux qui ne synchronisent pas encore qui tu es, résume-nous tes débuts dans le roller.
J?ai commencé par faire du quad dans Juvisy, sur la place du marché. J?avais 8-9 ans et c?était à base de saut de cagettes. Ensuite, je suis passé par pas mal de phases comme le slalom, le hockey ou le tremplin pour finir, il y a 3 ans, à faire vraiment du street avec des in-lines. En fait, je me suis mis à cette discipline après avoir vu "The Bottom Line ". J?ai maté cette vidéo au moins 5 fois de suite, j?étais traumatisé parce qu?ils faisaient car je trouvais ca vraiment original. Depuis, je n?ai pas arrêté de faire du street.

Et à part ça, rien d?autre ?
Je roule un peu en mini et en big, mais le street reste mon principal attrait. En ce moment je kiffe les gaps sur les marches et les murets. Et puis ce qui est vraiment cool, c?est que l?on peut en faire n?importe où, n?importe quand et qu?il y a toujours un nouveau spot à découvrir.

En parlant de spots, un mot sur les parcs ?
Je pense que les mairies devraient arrêter de faire construire des parcs tout petits car ils ne feront jamais rien avancer en faisant des modules de 21cm pour que les minots ne se fassent pas mal. Il faut qu?ils prennent conscience que le roller n?est pas juste un sport pour les gosses. Par conséquent, j?apprécie que de gros parcs s?ouvrent, ca va enfin permettre de montrer que les Français ne sont pas plus mauvais que les Américains. Il faut vraiment cesser de les idolâtrer.

Idolâtrie ! Tu n?es pas sans savoir que de nombreux minots te kiffent. Ca te fais quoi ?
S?il y a quelque chose à dire aux mecs qui débutent, et même aux autres, c?est qu?il faut qu?ils aient leur propre personnalité. Ca ne sert à rien de se forcer et d?imiter tel ou tel skater. Le truc c?est avant tout de rider comme on aime et de se faire plaisir.

Quelle est ta réaction quand tu essaies d?être original et que des gonz font comme toi ?
Honnêtement, quand tu essaies de te démarquer un peu de la masse, et qu?elle te rejoint direct, ça soûle. Si tu fais quelque chose d?une certaine manière, tout le monde pense que c?est la mode, alors que tu as juste envie de rider comme ça. Mais bon, dans un sens, ca me fait aussi un peu plaisir que certains veulent faire pareil que moi, même si, sur le fond, c?est dommage pour eux.

Ne penses-tu pas que le fait que certaines personnes suivent de près ce que tu fais, a permit à Sü-dleï de s?imposer dans le milieu ?
Oui, je pense que ça a favoriser le décollage de la marque car les riders pouvaient l?identifier à un personnage. Maintenant, la compagnie est représentée par plusieurs skaters, ce n?est plus que moi ; et puis elle est bien implantée dans le business. Moi, j'en suis vraiment content parce que j?aime bien les fringues que l?on fait et ca me fait plaisir de participer à ce projet.

Justement, comment es-tu arrivé dans cette histoire ?
Au départ, j?avais vraiment envie de faire une marque de wear parce que j?adore les fringues. On m?a présenté David et on a lancé le projet. C?est aussi simple que ça.

Changeons de sujet. Que penses-tu de l?ambiance parisienne.
Je crois que pas mal de gens se prennent trop la tête. Ils passent leur temps à vouloir sans cesse juger les autres. Ils feraient mieux de consacrer ce temps au riding. Ca crée vraiment des tensions qui sont inutiles, on n'a vraiment pas besoin de ça dans le sport, et puis beaucoup jugent les gens sans les connaître. Il y a aussi trop de personnes qui essaient de tout diriger, de mettre la main sur tous les projets qui naissent alors que je suis convaincu que le roller est un sport qui doit avancer de lui-même avec tous ces acteurs. C?est comme ceux qui veulent " éduquer " le roller. C?est totalement stupide, ça doit rester un sport libre. Si les pratiquants subissent cette dictature culturelle, on n'a pas fini de se prendre la tête. En parlant de projet, je trouve ca vraiment positif que des initiatives de contest, de vidéos, de marques, de parcs voient le jour en France. Ainsi on se sépare peu à peu de la main mise américaine, ca va permettre au street français de s?affirmer.

Tu fais allusion à la culture, crois-tu qu?il existe une véritable culture roller ?
Oui un peu, ça passe par l?aspect vestimentaire, linguistique, musical, ? Mais c?est surtout la volonté de vouloir faire des choses originales, de se démarquer par rapport aux autres sports plus classiques. Globalement, on a une culture de sport de glisse, un point c?est tout.

Alors, quelle est la raison de ce fameux conflit skate-roller ?
Je pense que c?est un faux conflit. Certains se prennent la tête juste par ce qu?ils veulent faire comme les ricains qui trouvent ça fun de dénigrer l?autre sport. Mais sur le fond cette guerre n?a pas lieu d?être, on fréquente les même spots et on a les même racines culturelles, même si on essaie tant bien que mal de s?en démarquer.

Tu viens de faire un break d?un an dans tes études. Maintenant que tu ne fais que du roller, j?aimerais avoir ton avis sur le fait d?être pro, surtout en France.
Je commence à voir comment ça se passe. Je crois qu?à l?heure actuelle ça ne vaut vraiment pas le coup d?être pro. Quand tu vois le salaire des mecs dans les teams internationaux, ça fait flipper. Bref, c?est stupide d?arrêter ses études, car si le roller n?est pas un effet de mode, on ne sait quand même pas ou il va aller. Et puis on ne peut pas vraiment y faire une carrière, ce n?est pas comme dans les autres pratiques sportives, car sur le fond, le roller n?est pas vraiment un sport.

Pardon ?
Il y a beaucoup de gens qui se battent pour que le roller devienne un sport à part entière, mais s?ils veulent vraiment faire avancer les choses, je crois qu?ils ne vont pas dans la bonne direction. L?erreur que l?on fait toujours, est de dire que pour que le roller aie plus de structures, il faudrait qu?il soit à l?image des autres qui ont des compétitions olympiques, mais le rollo, c?est bien plus que ça. Le jour où le street est discipline olympique, on ne sera pas du tout avancé, il y aura trop de règles, d?entraînements, de points sur tel ou tels tricks, de managers qui te font practice en piscine, bref, le cauchemar.

J?ose à peine te demander ton avis sur la fédé.
C?est un organisme qui est complètement out par rapport à notre pratique. Ils voient le street comme un sport fédérable alors qu?il ne l?est pas. En fait, ils veulent que l?on soit intégré à leur système alors qu?ils ne font rien pour nous, je trouve que c?est paradoxal.

Comment vois-tu l ?évolution du in-line ?
Au niveau économique, c?est vrai que le street régresse un peu, mais l?apparition des parcs devrait réguler tout ça. Techniquement, on a fait le tour des slides. Tu veux faire quoi après les Topside Négatives ? C?est pour ça que l?on s?oriente vers les gaps et les gros airs. Enfin, pleins de gens s?allient pour monter des projets, ca crée une réelle dynamique.

Aimerais-tu participer à un nouveau projet ?
J?adorerai prendre part à la création d?un street parc, avec du mobilier urbain. L?adaptation du street qui est faite en parc à l?heure actuelle n?est pas assez fidèle, c?est plus proche de la rampe. Personnellement, je n?ai jamais vu un hip avec des courbes de deux mètres et un coping dans la rue. J?aime bien aussi tout ce qui touche à la vidéo. En ce moment j?aide Bart sur son projet de vidéo pour Catch-Up. Je trouve que c?est un bon média, car il retranscrit fidèlement ce que font les streeter. Et puis ça permet de faire découvrir aux gens la scène française. J?aimerais vraiment qu?une vidéo française procure autant de plaisir à être vue qu?une vidéo ricaine.

Et ton avenir, tu le vois comment ?
J?espère faire du roller le plus longtemps possible, et continuer mes études.

Parfait, quelque chose à ajouter ?
Je voudrais lancer un message aux gosses qui ne pensent qu?à être sponso. Tu sais la fameuse question "qu?est ce qu?il faut faire pour être sponso ? ". C?est vraiment lourd, parce qu?être sponso ce n'est pas vraiment une finalité  et je crois que je prenais plus de plaisir à skater quand je n?avais pas de sponsors, car même si les miens sont cool avec moi, quand je skate, je skate aussi un peu pour eux aussi.

Dédicaces : Bart pour m?avoir initié au street, Sü-dleï, Hawaii Surf, Barbara et ceux qui kiffent vraiment le street.